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Après avoir essaimé dans les universités américaines, les cours en ligne gratuits et ouverts à tous (Mooc en anglais) débarquent en force cette année dans l’enseignement supérieur français.
 
Pionnier du secteur en France, le site Itypa (Internet, tout y est pour apprendre) a été lancé dès octobre 2012 par un enseignant de l’Institut Mines-Télécom.
 
Depuis, pléthore d’établissements lui ont emboîté le pas : Centrale Lille, dès mars 2013, Polytechnique, l’Ecole normale supérieure et HEC (toutes trois par l’intermédiaire du site américain Coursera), Sciences Po Paris ou encore l’université Paris I (Panthéon-Sorbonne).
 
En parallèle de ces initiatives, le ministère de l’Enseignement supérieur a investi 12 millions d’euros dans une plateforme nationale, FUN (france-universite-numerique.fr), lancée fin octobre.
Elle rassemble déjà vingt-deux séminaires en ligne, proposés par une dizaine d’établissements (dont l’université Paris-I et Centrale Paris).
 
Pour les écoles et universités, l’enjeu de cette conversion au numérique est immense.
Leurs enseignements, autrefois réservés à quelques centaines d’étudiants, peuvent désormais s’adresser à des dizaines de milliers d’élèves, derrière leurs écrans (les cours de Polytechnique sur Coursera compteraient déjà 15 000 inscrits).

 

« Nous voulons développer une formation juridique ouverte à tous, car chaque citoyen est censé connaître le droit », s’enthousiasme ainsi Bruno Dondero, responsable de la question à Paris-I.
Egalement en jeu, le rayonnement à l’échelle mondiale de l’éducation à la française.
 
Sur Coursera, les professeurs de Centrale Paris ou HEC dispensent leur savoir en ligne en anglais, pour rivaliser avec les Anglo-Saxons.
 
Cette course aux élèves internautes suscite toutefois quelques interrogations.
Comment être sûr que l’étudiant qui passe l’examen est bien celui qui s’est inscrit au cours ?
Pour éviter la triche, Centrale Lille expérimente un système d’épreuves à distance avec un surveillant qui observe le candidat avec une webcam.
Elle a aussi ouvert deux centres d’examen physiques, à Ouagadougou (Burkina Faso) et Dakar (Sénégal).
 
 
A terme, il ne faudrait pas qu’Internet vienne concurrencer l’enseignement dispensé sur les campus : pourquoi les élèves continueraient-ils de payer des frais d’inscription élevés (12 000 euros par an à HEC) s’ils peuvent bénéficier d’une formation de la même qualité sur le Web ?
 
« Nous ne sommes pas dans la logique de remplacer les cours de faculté, mais plutôt de les compléter, insiste Matthieu Cisel, responsable du cours en ligne de Centrale Lille.
Pour l’interaction entre élèves, on aura toujours besoin de classes réelles. »
 
Les recruteurs observent ces évolutions avec attention. Si le cabinet de chasseurs de têtes Michael Page estime ne pas avoir encore assez de recul, d’autres sont plus enthousiastes.
 
« Demain, si un salarié a “validation d’acquis HEC” sur son CV, même si ce n’est pas le diplôme, j’adhère », affirme Martial Floucaud de La Pénardille, directeur du cabinet de recrutement Smart Talents.
 
Plus que l’université, c’est toute la formation professionnelle qui est visée : la plupart des élèves sont des actifs, qui souhaitent enrichir leur CV.
 
« Salarié à plein temps, je ne peux pas suivre des cours classiques. C’est une vraie chance de pouvoir accéder à ces ressources selon mes disponibilités et gratuitement », témoigne Laurent Marot, qui, à 44 ans, a virtuellement regagné les bancs de la fac de Lille-I… sans bouger de chez lui.

 

 

Par Bénédicte LUTAUD (Dossier complet - J'ai fait Centrale... sur Internet)

RACHEL HAOT, CHIEF DIGITAL OFFICER

MOOC - UN DEFI POUR L' UNIVERSITE FRANCAISE

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